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I would like to remember // Kaz

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Ven 17 Mar - 22:15


I would like to remember
Kaz' & Ryu





" Ok, c'est ici et n'oublis pas, hein, pas de folie. " Terminât Kyle avec un clin d’œil très subjectifs. Puis il me planta là, seule, avec comme unique guise d'adieu, un petit geste de la main, jeté par-dessus son épaule, à la va-vite, alors qu'il disparaissait déjà dans un angle du couloir. Sincèrement ? Je suis partagée entre l'envie de pester et celle de lui courir après afin de le supplier de ne pas me laisser seule ici. Il est, après tout, la seule personne que je parvienne aujourd'hui à identifier.
Je ne sais pas par où commencer, pour la bonne et simple raison que je ne sais absolument plus où j'en suis. Ce qui est sur, c'est que j'ai perdu une partie de ma mémoire suite à l'attentat de Noël. Et c'est très ennuyeux. Je suis bien incapable de dire avec qui j'étais ce soir-là, ni même qui j'ai croisée et fréquentée c'est vingt dernières années. Un immense gouffre me ronge le cerveau, me rendant impossible la tache d'identifier les gens autour de moi.
Vous n'imaginez pas la torture que cela implique chaque minute...

Je souffle un grand coup en faisant rouler mes épaules, espèrent vainement dissiper le stress qui m'habite. Mais plus je fixe la porte devant moi, plus je panique. Qu'a dit Kyle déjà, à ce sujet ? Ha oui... Que j'allais ENFIN pouvoir profiter de Kazuma. Mais... ça veut dire quoi ça ? Nerveuse, je me mordis la lèvre en avancent ma main de la poignée de porte. Je fais quoi ? Je frappe ? Il est qui pour moi ? Une sorte de frère du sang ? Un ami ? Mon... petit ami ? Si seulement j'avais dit la vérité sur mon réel état de santé, on m’aurait peut-être tout expliqué. Mais j'avais peur... peur de rester entre ses murs tristes où les lamentations des blessées ont presque terminés de me rendre folle. Je voulais partir... vite, très vite. Alors je n'ai rien dit, me contentant de faire comme si tout allait très bien. C'est facile à faire, finalement, les gens ne s'attendent pas à ce qu'on les oublis. Qui le pourrait ? Qui pourrait deviner pareil fin ?

Je finis par abattre ma main sur la poignée. Parce qu'il n'y a qu'une seule manière de savoir. Agir. Mais... elle me résiste, elle est close. L'immense soulagement qui me prend, m'arrache un soupire très peu discret. Il n'est pas là. Pas encore.

Mon double de clef cliquetant nerveusement dans la main, j'explore ce nouveau chez moi après avoir refermée la porte derrière moi. En plus de mes souvenirs, mes repères ce sont tous envolés, avalés par l’effondrement du premier étage. Et pourtant, j’aurais eu grand besoin de l'aspect sécuritaire et connu de ma propre chambre. Ici, tout n'est que... qu'impersonnel. Je n'ai franchement pas l'impression d'être chez moi. Enfin... je ne le suis pas encore vraiment. Le petit logement est partagé en deux, un lit est posé contre un mur de chacun des deux côtés. Un pour lui, un pour moi. On a droit à un bureau aussi, assortie d'une petite chaise. Bon par contre, il n'y a qu'une salle de bains. Mon côté est clairement identifiable par sa neutralité et par... les affaires qui peuplent déjà l'espace de mon voisin. Mon voisin ? Oui, je vais l'appeler comme ça pour le moment. À défaut d'autre chose.

Je me demande à quoi il ressemble. S'il est gentil. J'espère ! Je me sais loin d'être idiote et je ne pense pas que je me serrais entourée si... intimement de personnes désagréables. Enfin... je n'en sais rien. Finalement. Je ne suis plus sûr de rien.
Mes doigts habiles revissent une partie de mon portable que j'ai posé sur mon bureau. Ça fait déjà deux bonnes heures que je m'essaie à le réparer. Si j'y parviens, j'obtiendrais tous mes anciens textos, sources sûrs pour m'aider à me retrouver dans ce bordel qu'est devenus ma vie... Mais ça semble être une erreur de programme maintenant... et j'ai la tête qui risque d'exploser.
Contrariée, frustrée et complètement perdue, je finis par me relever et prendre la direction de la douche. Je suis parvenus à trouver des affaires propres, le sweat-shirt gris très large et tout doux, ainsi que le pantalon bien trop grand pour moi mon rapidement informé qu'ils n'étaient pas à moi, mais à LUI. Cependant... je ne possède plus rien, alors tant-pis, je ressens un trop grand besoin de me débarrasser de ces fringues que je porte et qui traînent avec elles l'odeur insupportable et entêtante de l’antiseptique et de la mort.

Me voir nue, face au miroir, pour la première fois depuis cette fameuse soirée, brise quelque chose en moi. Ma main se pose sur ma lèvre inférieure - qui a éclatée au sol durent la première explosion - elle est moins enflée que la veille, mais porte une coupure encore bien nette et loin d'être cicatrisée. Mon doigt remonte sur ma tempe où deux points de sutures brillent douloureusement, premier signe avant-coureur de ma cruelle perte de mémoire. Je sais aussi que j'ai été blessée plus haut, dans le cuire chevelus, mais je ne m'aventure pas à aller en chercher le signe piquant et révélateur. Mes yeux sombres parcours mon corps, labouré d'ecchymoses, qui virent maintenant sur une multitudes de palettes de couleurs différentes tels que le noir, le rouge, le vert, le violet et même le jaune. Il y de quoi faire et ceux pour tous les goûts. Seul le blanc, agressif et stérile, du long bandage qui enserre ma cuisse, détonne vraiment. Me doucher sans le mouiller se révèle être un véritable périple. Mais l'eau semble apaiser mon corps, lavant mes tentions, mes doutes et mes peurs. Alors bon. J'essaie d'envoyer au siphon tous mes mauvais souvenirs, qui n'ont leur place qu'aux tréfonds des égouts de mon passé. Mais les hurlements... eux... bien que je ne sache plus à qui ils appartiennent... me hante.

J'ignore pendant combien de temps l'eau brûlante à délavé mon corps meurtri, mais quand je sors enfin de la salle de bains, propre, je n'ai d'yeux que pour mon lit. Seul mon instinct pense à vérifier s'IL n'est toujours pas rentré. Rassurée, je me laisse tomber sur les draps propres. J'enfouis mon visage dans le coussin, me fichant éperdument de le tremper avec ma tignasse encore humide. Mais très vite, quelque chose ne va pas... Je grimace en relevant la tête, regardant le dit coussin comme s'il avait soudainement s'agit d'une bête morte. Son odeur... ne me plaît pas du-tout. Il sent... quelqu'un d'autre. Quelqu'un qui est mort. Il sent son ancien occupent. Dégoûtée, je le repousse du lit, le laissent brutalement tomber au sol. Je ne me reconnais pas, à être capricieuse ainsi. L'ancienne Ryu n’aurait pas fait grand cas de ce genre de détails et se serrait satisfaite de peu... Mais je me sens fragile, très fragile.
Voilà deux jours que j'étais enfermée entre les murs de l'infirmerie improvisée. Deux jours où je ne dors pas, trop crispée par les hurlements de douleur qui percent, là-bas, constamment le silence lourd que la mort pose sur ceux qui n'ont pas pu survivre. Deux jours où mes quelques et rare instants de repos se sont vus volés par d'affreux et rutilants cauchemars. Deux jours que je ne sais plus à qui me raccrocher... qui aimer. Deux jours que je me suis perdus et je suis déjà aussi fragile qu'un juvénile oisillon. Justes deux jours....

Mes yeux se sont posé sur le lit opposé au mien, au fond de la pièce. Des mèches sombres et humides se sont collé sur mon front alors que je sent que mes paupières cherchent à se fermer. Seulement, elles refusent de le faire totalement. J'ai peur de retomber à nouveau dans le cercle vicieux de mes cauchemars. Sans vraiment comprendre pourquoi, je finis par me lever et claudiquer jusqu’à SON lit. Longtemps j'hésite et j'ignore pourquoi. Quelque chose me partage, comme une chose ancienne que l'on connaît mais qu'on n'arrive pas à saisir. Un refrain oublié. Comme un vieux souvenir, ou un mot qui ne veut pas sortir. Ça m'échappe. Quand je pense enfin comprendre et me rappeler, l'idée s'évanoui avant que je ne puisse lui donner forme. C'est terriblement frustrant. Mais... je me fais confiance et je ne doute pas de moi-même quand je termine par me rouler dans SES draps. J'ignore pourquoi. J'ignore qui. Je ne sais pas.
Je suis juste bien là. Mes mains viennent saisir son coussin et j'y fourre mon nez, les yeux déjà clos. Comme un enfant blessé, je rabats mes deux genoux contre ma poitrine et me love contre moi-même. Pourquoi... je ne sais toujours pas, mais ici, dans ce lit, je me sens enfin en sécurité.

Dormir. C'est échapper à tout ce qui vous entoure.

Enfin...

Presque."
AVENGEDINCHAINS
Katsumoto Ryu

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Mer 29 Mar - 17:37


I would like to remember
Kaz' & Ryu





- Plutôt crever.

Ces derniers mots sifflent aux travers de mes lèvres pincées de dédain. Un dernier regard noir fuse sous mes mèches de cheveux furieusement désordonnées. De l'autre côté de la pièce, l'homme qui se prétend mon père adoptif se lève de sa chaise avec agacement. Son humeur se heurte à la mienne, mais nul doute qu'il ne fait plus le poids depuis des années. L'air de l'appartement est électrique, tendu, et sous-jacent d'une altercation bien plus brute et physique que la conversation que nous menions jusqu'alors. Sa bouche déformée par la colère s'ouvre. Mais voilà bien longtemps que je n'ai plus suffisamment de patience pour supporter cet échange. Ma paume s'abat sur la poignée de la porte d'entrée. Il n'a pas soufflé quoi que se soit que déjà cette dernière claque brutalement dans mon sillage, me laissant ainsi disparaître d'un coup de vent glacial d'indifférence.

Va-t-il sortir à ma suite pour me ramener de force à l'intérieur ? De nombreuses années ont passé depuis que j'ai quitté le toit de mes prétendus parents. De nombreuses années qu'ils ne parviennent plus à exercer la ridicule emprise éphémère qu'ils étaient parvenu à lancer sur moi. Je ne me suis jamais entendu avec mon père adoptif. Si nos confrontations étaient particulièrement houleuses lorsque j'étais plus jeune, aujourd'hui je ne me fais aucune illusion. S'il se montre un peu trop nerveux, ni lui ni moi n'hésiterons à en venir aux mains. Mais il se fait vieux. Et, loin d'être con, il se doute forcément qu'il n'aura peut-être plus l'ascendant sur ce pauvre gamin qu'il a adopté une décennie plus tôt.

Aucun son ne se profile dans mon dos alors que je m'éloigne dans les couloirs lourds de silence. Depuis les attentats, il semble peser sur l'Héritage comme un mutisme général. Comme si tout le monde ici bas retenait son souffle. On préfère rester chez soi, profiter des siens, pleurer les pertes, et panser les blessures. Aucun bruit ne filtre à cette heure-ci. Pas même les pas affolés de ma mère adoptive, cette potiche qu'il aurait envoyé pour sauver ses arrières. Et c'est tant mieux.

Mes jambes ralentissent légèrement alors que je repense à cette discussion que nous venons d'avoir. Rien qu'à ça, un désagréablement sentiment de dégoût me retourne l'estomac. Tout avait commencé par un traditionnel discours sur leur situation financière, en tant que petite saison juste bonne à récupérer les raclures de merde sous les chaussures de quelques estivaux. Avec les derniers événements, les choses se seraient empirées. Je me souviens leur avoir lancé un regard ennuyé au possible. Que voulaient-ils que j'y fasse ? Que je les aide avec ce que j'avais ? C'était vite réglé pourtant, je n'avais rien. Même en voulant me faire racketter, je ne l'aurais pas vraiment pu. Et puis, c'est à ce moment-là qu'ils ont posé leur idée de génie sur la table. C'est aussi à ce moment-là que j'ai eu envie de leur vomir mon estomac sur les pieds. Bande de porcs. Leur solution ? Elle s'appelle Mei Linh. Une jeune Summer au cœur brisé par le décès de sa mère lors des attentats. La précieuse fille d'une famille aisée mais discrète, dont le père est venu proposer à mes parents d'unir nos deux noms. Un mariage. Un foutu mariage. Une chance inespérée, d'après eux. Une énorme blague de très mauvais goût, selon moi. Que se sont-ils imaginer ? Pauvres imbéciles. Ils peuvent toujours se brosser.

Je file hors de l'ascenseur à l'instant même où les portes s'ouvrent. Fusant à travers l'Héritage d'un pas vif, je traverse le dernier couloir qui me sépare de mon nouvel appartement. J'essaye de penser à autre chose. J'ai promis à Jun Wan de venir un peu empiéter sur son espace vital dans les jours à venir. Il m'a lancé l'un de ses regards dont lui seul à le secret, celui qui contient une flegme légendaire. J'ai souri d'un air idiot pour la peine. Mais je ne pense tromper personne, et certainement ma propre conscience. Si je viens traîner dans les pattes de Jun, c'est que je ressens le besoin d'avoir une présence non loin. Ce n'est pas la solitude qui me pèse.  J'y suis habitué depuis longtemps, et en ai même fait l'une de mes principales alliées. Non, en vérité … c'est le silence des étages qui m'effraie.

Un soupir irrité filtre à travers mes lèvres. J'ouvre la porte de l'appartement sans même ralentir et pénètre à l'intérieur sans m'annoncer, persuadé de le retrouver comme je l'ai quitté : vide. D'un coup de pied, j'envoie la porte claquer dans mon dos sans me retourner. En deux enjambées je rejoins le petit bureau de l'autre côté de la pièce. Mes affaires s'y retrouvent l'instant d'après sans la moindre délicatesse. Je me fige pourtant de haut en bas lorsque j'intercepte du coin de l'oeil un léger mouvement du côté de mon lit. Trop habitué à mon propre bordel ambiant, je n'ai même pas remarqué que l'étrange masse logée sous les draps n'était pas un tas de fringues mal pliés … mais bien un corps humain, assoupi là.

Mes yeux papillonnent bêtement un bref instant. Puis les connexions se refont sous mon crâne. Un large sourire fend mes lèvres alors que je devine sous l'oreiller le minois d'une Ryu tirée de force de son sommeil. Son nez émerge à peine des couvertures que je suis déjà là, accroupi à son chevet.

- Ryu ! Tu es rentrée ! Je n'étais pas au courant, Eve ne savait pas quand tu pourrais sortir ...

Fidèle à moi-même, je me penche vers elle en oubliant les règles basiques de promiscuité. Je balaye mes doigts sur son visage pour écarter la frange trop longue qui me cache ses deux prunelles chocolat qui m'ont tant manquées. Je m'agite comme un enfant surexcité. Deux jours qu'elle était à l'hôpital. Deux jours que je broyais du noir à l'idée de ne pas pouvoir lui rendre visite. Les infirmières m'ont catégoriquement refusé l'entrée, à chaque fois que j'y suis allé. Ces quarante-huit heures suivant les attentats ont probablement été les plus longues de mon existence. Ryu avait perdu beaucoup de sang. Beaucoup trop de sang. Les secours m'ont arraché son corps inanimé des bras. Et maintenant … maintenant que je peux enfin la toucher, m'assurer de la chaleur de sa peau, de la vie qui coule dans ses veines … Maintenant, je peux enfin souffler et reprendre une nouvelle goulée d’oxygène. Je suis soulagée, et tellement heureux de la retrouver.

- Et comment va ta jambe ? Tu, euh … Je me redresse soudain, la laissant peut-être enfin respirer, et semble frappé d'une subite illumination. Oh, je t'ai réveillée ! Pardon.


AVENGEDINCHAINS
Kobayashi Kazuma

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Sam 1 Avr - 16:32


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Kaz' & Ryu




Je roule brutalement au sol quand une explosion me souffle à nouveau. Je crache en essayant de me relever. Mes mains, posées à plats sur le sol, sont entaillées de toutes parts. Je n'y vois rien car une épaisse poussière obstrue toute visibilité. Mais très vite, c'est une fumé dense et mortel qui prend possession des lieux, donnent à ma respiration un lugubre son rauque. " Ryu ! Lève-toi ! " M'ordonne une voix, sortie de nulle part. " Lève-toi ! " Alors je me relève en étouffant un grognement d'effort. Enfin... j'essaie, car mes jambes ne me répondent plus, comme morte et désobéissante. Je me retourne sur moi-même. Elles sont toujours là pourtant, je ne comprends pas. C'est comme si... j'avais oubliée comment les faire marcher... Marcher justement, je ne peux pas. Je ne peux plus. Elles ne veulent plus. Alors je me traîne sur le sol avec mes bras, raclant mon corps devenu lourd sur la multitude de débris qui l’encombre. " Lève-toi Ryu ! " Encore cette voix... " J'peux pas ! " Criais-je avec désespoir à cette personne que je ne vois pas.
Puis les lieux se mettent brutalement à trembler. Fort. Très fort. M’obligeant à me plaquer contre le sol plein de poussière. Mes yeux, écarquillés essaient de comprendre ce que je fais là, ce qui se passe. Je ne comprends plus rien. Des gens courent à présent, passent à coté de moi comme de funestes ombres fantomatiques. Comment parviennent-ils à courir avec ce violent tremblement ? Et... pourquoi n'ont-ils pas de visage ? C'est comme si toute la zone entourant leurs têtes était floutée, impossible à définir. Je serre les dents et essai de ramper dans la même direction qu'eux. Mais je suis lente. Tellement lente... On me marche dessus plusieurs fois. C'est horrible. Mes mains me font mal, mon ventre me fait mal et j'ai peur. Terriblement peur.
Puis un bruit sourd, derrière moi, me souffle à nouveau. Je me retourne, cessant brutalement d'avancer. Mes pupilles se contractent quand j’entraperçois, entre la fumé et la cohue, le plafond s'écrouler comme un véritable rouleau compresseur, ultime fléau mortel. Je me fige, prise d'une subite crise de tétanie. Impuissante, je regarde l'éboulement chaotique avaler le couloir, ce dirigeant à une vitesse monstrueuse sur... moi.

Je suis foutu. Foutus. Cette chose va me tuer, me broyer.

Je sursaute violemment dans le lit, ouvrant grand les yeux à la recherche d'une réponse à toutes les émotions qui me pilonne le ventre et le cœur. Ce dernier fait un bruit d’enfer dans mes oreilles. Où suis-je ? Il se passe quoi ?
J'entends du bruit sur le côté et j'ai la tête recouverte part quelque chose qui m'étouffe. Mes yeux cherchent, tout juste réveillés. Puis je comprends que ce n'est qu'une couette et alors je me rappelle soudainement. Comme si les connexions venaient tout juste de se faire. Je me souviens où je suis et pourquoi je suis là. Il m'a fallu quelques secondes, mais ça m'est finalement revenu. À chaque fois, me souvenir est une sorte de victoire. Au fin fond de moi-même, j'ai toujours peur de me réveiller, à nouveau, avec une partie de ma mémoire en moins. Avec les cauchemars, ça explique en partie pourquoi je dédaigne tant de dormir ces derniers temps. Ça... me fait peur maintenant. À juste titre.

La lumière vive du néon, à rayons blancs, m'agresse la rétine et je suis contrainte de plisser les yeux alors que j'émerge doucement ma tête du coussin. Je suis encore déboussolée, mais pas suffisamment pour ne pas comprendre partiellement ce qui se passe. Je ne suis plus seule et fragilisée par mon réveille brutale, je me sens momentanément sans défense. Faible.

Un homme me fait face et ça me surprend. Ma respiration se bloque alors que j'en prends la mesure. Mes yeux remontent doucement sur son visage, comme si j'avais peur de ce que j'allais y voir. Ils percutent deux pupilles sombres qui m'observent sous une longue frange noire et désordonnée. Elles semblent me transpercer par leurs intensités. Sa mâchoire carrée et brute est adoucie par un sourire sincère. Un sourire qui pourrait me vendre au diable. Pendant une petite seconde, je me demande si je ne rêve pas encore. Il m'intimide, il est près, très près de moi et je me sens comme happée par sa simple présence.

Quand sa voix perse enfin mes oreilles, je cligne des yeux plusieurs fois. Je connais cette voix. " Ta voix... " Soufflais-je justement, presque imperceptiblement. C'était donc lui qui m'appelait dans mon rêve ? Je suis supposée avoir tout oubliée de tout le monde. Ma mémoire me reviendrait-elle par bride ?
Non. Je ne le reconnais pas. Mais alors pourquoi ?

Mais il se rapproche, très vite et très intimement. Immobile, je l'observe passer ses doigts sur ma joue. J'ai l'impression d'être frôlée par un prédateur puissant, comme si dans mon ancienne vie, j'avais vécu avec ce fauve sans jamais douter de mon lien avec lui. Oui... sous sa main douce qui me caresse le front et la joue, j'ai l'impression d’être une proie fragile qu'une féroce panthère noire aurait daignée prendre sous son aile protectrice. Je suis complètement paralysée par l'émotion, comme si le moindre de mes mouvements pouvait le brusquer et le faire brutalement sortir les griffes. J'ignore ce qu'il va faire de moi, mais je vois dans ses yeux qu'il ne me veut aucun mal et ça me rassure. Cependant, il est très très près de mon propre visage. Je sens son souffle caresser mes lèvres que j'ai mordu par réflexes moteurs. J'ignore ce qu'il veut, mais quand un félin vous auscultes, je vous jure que tous vos instincts vous disent de ne pas bouger et de céder à tous ses caprices. Il semble se rassurer lui-même à vérifier que j'aille bien.
Angoissée et perdu, je me mords si fort la lèvre que j'en ré-ouvre légèrement la blessure.

Je me rends compte qu'il m'a parfaitement captivée quand il reprend la parole, brutalement. Lui et moi nous reculons en même temps, comme si nous avions décidé silencieusement qu'il était temps que ce... cette chose étrange cesse. Je baisse les yeux sur mes mains, par-ce que le regarder m'est difficile, je m'en rend compte. Cet homme à une puissante emprise sur moi et ma perte de mémoire de m'aide pas à comprendre pourquoi. Après... il suffit de le regarder pour saisir une grande partie de la réponse. Il dégage, à lui seul, une aura très impressionnante. Suave. Puis... il est doté d'une beauté sauvage qui semble mystique, rebelle et brutale. Il est... hypnotisant.

Je me redresse dans son lit, attrape sa couette et semble m'en protéger en la calant contre ma poitrine alors que mon dos s'appuie contre le mur derrière moi. J'ai laissée le silence s’étaler entre nous. Il y a un problème. Un gros problème et il doit à présent en mesurer le courroux.

Je fronce légèrement les sourcils, les yeux dans le vague alors que j'analyse en moi-même ce qu'il vient de se passer. Mon cœur et mon âme sont emplis de cruelle question, sans réponse évidemment. Plus le temps passe et plus je puise en moi le courage titanesque d'essayer d'en trouver l'explication.
Alors quand je relève mon regard brun sur lui, je ne suis plus une proie, mais sont parfait égale. Je le fixe alors que je me sors du lit aussi habilement que ma jambe me le permet. La manœuvre me fait mal, mais c'est tout juste si mes lèvres s'en pincent. J'ai un tout autre combat à mener.

Sans le quitter des yeux, je m'approche de lui, laissent une connexion puissante s’établir entre nous. L'heure est grave. Pour lui. Et mes yeux le lui transmettent. J'entre alors dans son espace vitale et me rapproche de lui. Mes mains viennent se saisir des ourlets de sa veste, au niveau de sa poitrine. Mes yeux ne quittent pas un instant ses pupilles noires et sauvages qui m'observent, fier et indomptable. Je m’immobilise enfin et le regarde, sans ciller. Son parfum, sa présence, son visage, la fermeté du torse que je sens sous sa veste. Rien... je ne me souviens désespérément de rien. Mais... mon corps, lui, semble éminemment le reconnaître. Je ne me ressentirais jamais aussi peut effrontée à faire pareils manœuvre si mon âme ne reconnaissait pas en lui quelqu'un de précieux et d'intime confiance. Mes doigts se serrent de plus en plus sur sa veste. Mes yeux se perdent sans retenus dans les siens. " Kazuma. " Dis-je dans un murmure, comme si je ne voulais que personne d'autre que lui m'entende. " Ils ont volé mes souvenirs. " Luis avouais-je sans baisser le regard. " Je... je ne me... " Je baissa les yeux quelques microsecondes avant de souffler pour me redonner du courage. " Je ne me souviens plus de toi. " Terminais-je en relevant des yeux meurtries sur lui. Oui... qui que soit le responsable des attentats, il est coupable d'avoir décoloré ma vie de sa chose la plus précieuse.

Il m'a volé ceux que j'aime. Et leurs à volé celle qu'ils aiment. Je ne peux plus être la même. Plus maintenant.

" Pardonne-moi. " Clama ma voix, si courageuse en ce moment beaucoup trop dur. Puis je posa mon front contre son torse, comme ultime abdication face à l'impuissance que j'éprouve devant cette cruelle réalité.

Oui pardonne moi."
AVENGEDINCHAINS
Katsumoto Ryu

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Mer 12 Avr - 22:12


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Kaz' & Ryu






L'être humain est doté d'un étrange instinct. Un inconscient pressentiment qui le pousse à fermer les yeux sur quelque chose de pourtant anormal. À ne pas voir les indices, ne pas entendre les silencieux avertissements d'une sombre nouvelle tapie dans l'ombre. J'ai tressailli à l'instant même où Ryu m'a appelé « Kazuma ». Mon échine s'est hérissée d'une dérangeante appréhension, comme si mon être entier ne pouvait s'accoutumer à entendre mon prénom en entier sortir de sa bouche. Puis j'ai souri, sans vraiment m'en rendre compte. C'était ce genre de petit sourire incertain, et mal assuré.

À présent le temps s'effile d'une lenteur terriblement oppressante. La langue de Ryu s'est déliée. La bombe a explosé. Ses minuscules mains écorchées, que je tenais si fort entre les miennes deux jours plus tôt, s'agrippent à ma veste. Je sens son front contre mon buste. Mes yeux absents devinent plus ou moins la couleur ébène de sa crinière décoiffée juste devant moi. Je suis tétanisé. La vie s'est figée dans mes veines. Ryu ne … se souvient pas de moi. Je ne dirais pas que le sol s'est brutalement ouvert sous mes pieds lorsque mon esprit a soudainement percuté d'une force inouïe les conséquences de cet aveux. Mais plutôt que mon cœur s'est violemment vidé de toute once positive qui l'animait. Cette ivresse grisante de la retrouver, ce soulagement de pouvoir la toucher … Ce réconfort simple et muet de sa seule présence, suite à la dispute houleuse avec mes parents adoptifs. Tout s'envole. Tout disparaît. Aussi facilement que ses souvenirs. Et à la place, une énorme entaille me barre la poitrine.

- Quoi ?

Ma voix est rocailleuse. Je cherche quelque chose. N'importe quoi auquel je pourrais me raccrocher. N'importe quoi qui m'annoncerait que Ryu s'est mal exprimée. Encore cette foutue capacité de déni. Mes doigts viennent entourer ses poignets. Je lui fais lâcher mes vêtements. D'un pas, je recule et la scrute d'un œil tendu. Elle ne peut pas avoir perdu la mémoire. Elle ne peut pas avoir oublié. Sinon, comment serait-elle arrivé jusqu'ici ? Pourquoi aurait-elle cherché  rejoindre sa famille, notre famille ? Si tel est réellement le cas, elle ne dormirait pas dans mon lit. Elle ne porterait pas mes propres vêtements. Qui ferait ça vis à vis d'un type qui n'est devenu rien de plus qu'un inconnu ? Agacé et déconfit, je relâche abruptement ses mains.

- Tu te crois drôle ? Grondais-je d'un timbre sourd.

Un regard tranchant vient ponctuer la colère de mes mots. Mes jambes reculent encore tandis que je me redresse de tout mon haut pour l'observer par-dessous mes cheveux désordonnés. La silhouette esseulée de Ryu se heurta alors à ma rancœur. Son corps si frêle dans ce sweet beaucoup trop grand. Son regard bas et sa mine blafarde. Un doute pernicieux s'incruste en moi. Et si … ? Concevoir que ses confessions puissent être véridiques réveilla en moi quelque chose de profondément enfoui, et d'une noirceur déconcertante. Comme dix ans auparavant. Après l'arrestation et l'exécution de mes parents. Mes véritables parents. La Ryu que je connais serait-elle restée aussi stoïque en me retrouvant après deux jours d'hôpital ? Serait-elle restée aussi éteinte après avoir vu la majorité des siens frôler la mort ? Elle n'a pas prononcé le moindre mot à propos d'Eve, de Lily et Min Ho. Elle ne s'est pas inquiété pour Jung, qu'elle n'a pas pu revoir depuis les attentats. Son comportement entier me laisse complètement déphasé. C'est elle, sans l'être véritablement. Il manque quelque chose, aussi clairement que je refuse de le sentir. Et … elle m'a appelé Kazuma.

La dureté glaciale de mes traits se détruit pas à pas. Je détourne les yeux, dévoré d'une anxiété qui ne m'est pas réellement nouvelle, mais que j'aurais aimé ne jamais retrouver. Je me laisse tomber assis sur le lit derrière mes jambes, le visage enfoui derrière mes mains. La gravité me semble plus lourde, plus écrasante.

- Tu ne te souviens pas de moi, répétais-je sans la moindre énergie.

Le reconnaître à haute voix creusa ce gouffre noir dans ma poitrine. Un néfaste mélange d'émotions naquis progressivement dans mon ventre. Totalement désarmé, je relève ma tête de mes paumes.

- Tu … Tu as tout oublié ? Tu ne sais plus du tout qui je suis ?

Ma voix déraille sur les derniers mots. Acceptant à nouveau de croiser son regard, je l'observe du coin de l'oeil sans oser la regarder véritablement en face. Il me semble désormais qu'un mur aussi épais que ceux de l'Héritage me sépare d'elle. Ma sœur, mon amie, ma moitié. Qui ne me reconnaît plus. J'humecte difficilement mes lèvres. Ma gorge s'est faite sèche, et ma bouche pâteuse. La question qui me tord la langue me compresse l'estomac.

- Ça va revenir ? ... Ce n'est qu'une question de temps ? Hein … Ryu ?


AVENGEDINCHAINS
Kobayashi Kazuma

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